58ème devoir du Goût
Les lundis du Goût
Mais que diable se disent-ils.
Mais que diable ont-ils vu ?
J’espère que nous aurons une idée d’ici lundi…
Comme d’habitude, la place Saint-Marc est noire de monde. Et de gris pigeons. Tout semble calme en cette journée de dolce Vita. Calme en apparence, ces deux charmants messieurs aux allures de touristes insouciants ne sont autres que le commissaire Brunetti et l’inspecteur Vianello. Discrets dans leur décontraction. Ils savent que l’homme qu’ils traquent depuis des semaines sortira de la basilique d’un instant à l’autre. Tout est prêt pour l’accueillir, la Polizia di Stato est en faction. De longues minutes passent, la foule est dense. De cette marée humaine, une jeune femme se détache et s’avance vers nos deux hommes… un peu subjugués par tant de beauté et d’élégance typiquement italienne. «Que bella donna » murmure Brunetti tandis que Vianello, pensif et admiratif, regarde s’éloigner la jeune femme. Les heures interminables succèdent aux longues minutes d’attente. Une nuit d’encre efface le crépuscule. La basilique est désormais déserte. Un bruit de moteur dérange le silence de la soirée, la puissante vedette de la mafia fend les eaux de la lagune à vive allure. Dans la luxueuse cale la femme redevient homme.