Conte de l'An neuf
Ah ! me re-voi-là !
Tout d’abord je vous souhaite une belle et bonne nouvelle année, santé physique et santé morale, quand l’un va, l’autre suit ! J’espère que vous avez passé d’agréables et paisibles fêtes de fin d’année (surtout quand on se paie le luxe de réveillonner aux urgences… n'est-ce pas mon cher Profémérite...bon, arrête Praline, t’es pas drôle) !
Ayant un emploi du temps chargé en ce début d’année, je n’arrive pas à écrire, j’ai donc ressorti un texte de 2004, une histoire vraie ! si si !
On se boit une ch’tite goutte ?
Ah ! une ch’tite goutte de quoi ?
Ni de lait, ni d’eau, ni de tout ce que votre imagination, certainement plus fertile que la mienne, vous autorisera…
Vous ne trouvez pas ?
Eh bien, il s’agit d’une ch’tite goutte… de goutte !
Certains ont trouvé ? ou pas…
Il faut vous dire que dans ma campagne natale, c’est l’usage, quand vient le jour de l’An… du moins c’était l’usage (je parle au passé car je doute que cette coutume, quasi annuelle à l’époque, ne soit devenue un banal quotidien).
Il était donc l’usage, alors que j’étais toute petite, toute jeunette, toute mignonnette, de sillonner la campagne, à vélo ou à cyclo, de ferme en maison, pour souhaiter la bonne année, à la famille, aux voisins ou à de simples connaissances. Et de gambader dans les rues du village, toquant ça et là aux portes familières.
La goutte, pour tout campagnard qui se respecte (je ne parle pas de la crise de goutte qui viendra plus tard, chaque chose en son temps !), ce n’est pas n’importe quel alcool. C’est la bonne gnôle de prune, alambiquée à l’entrée de l’hiver. Ou de la poire, ou des fruits mélangés, selon la récolte.
Je me souviens que ma grand-mère, qui pourtant détestait l’alcool quel qu’il soit, ne dérogeait jamais à cette coutume. Elle aimait attendre ses visiteurs du jour de l’An, fière de son achat pour l’occasion. Évidemment chez elle, point de cette bonne gnôle… même pas une goutte pour calmer une rage de dents.
Des jours voire des semaines auparavant, elle préparait soigneusement cette fête du père Janvier. Souvent, c’est ensemble que nous nous rendions à l’épicerie du village, pour acheter la liqueur à laquelle elle restait fidèle d’année en année. Un crème de noisette délicieusement sirupeuse et colorée comme un caramel, que ma Mémé était toute fière de servir dans de tout petits verres décorés de frises dorées. Je crois que ces verres-là ne quittaient le placard qu’une fois par an ! J’aimais les regarder, mes yeux d’enfant les trouvaient si fins et si fragiles… et ils l’étaient.
Un spectacle annuel, rituel et je m’entends encore oser d’une petite voix « Mémé, je peux goûter, juste un petit peu ». Une toute petite goutte !
Allez, on trinque ensemble ? Avec modération bien sûr !
Tchin et bonne année !