Une moche maison
Mon texte pour Lakevio sur un tableau de Edward Hopper
Ce genre de maison (château ?) me déprime. Alors forcément il ne s’y vivra pas une histoire à l’eau de rose, de princesse endormie, de beau prince déboulant sur son puissant destrier… Non, à vrai dire, cette bâtisse ne m’inspire pas, d’autant plus que depuis hier j’ai mal à la gorge, à la tête, aux oreilles, qu’à cause des travaux je campe dans ma maison… mais que, malgré cela, tout va bien, la vie est belle, mais oui !
Que peut-il bien se passer dans cette maison ? Ah oui, la nuit dernière, dans mes délires fiévreux, elle m’a fait cauchemarder…
L’homme est fatigué, épuisé même. La femme est semi-inconsciente au fond de la calèche. Le cheval a dû se blesser sur une pierre, il avance lentement, en boitant. Cela fait des jours et des nuits qu’ils parcourent la lande galloise battue par un vent violent qui entrave la progression du convoi. Ils sont perdus, les vivres sont épuisés. Quelle idée d’avoir fait ce pari fou avec les potes, à l’issue d’une soirée trop arrosée…
Nuit sans lune. Au loin, de la lumière. Sauvés ! Pas un bruit. Aucun signe de vie à part cette lampe allumée derrière une fenêtre au premier étage. Pas un bruit. Des portes en veux-tu en voilà. Celle-ci grince sinistrement dans l’obscurité. Pas un bruit. L’homme monte lentement l’escalier. Qui grince également. Sinistrement. Et là, par la porte entrebâillée, un groupe de personnes à genoux, mains jointes, en prière. Balbutiements. Odeur d’encens. Odeurs bizarres. L’homme fait demi-tour. Partir. Vite. Même le cheval semble avoir repris des forces. Le retour à l’hospitalité n’est sûrement plus très loin.