99ème devoir du Goût
Les lundis du Goût
Aujourd’hui c’est pour faire plaisir, du moins je l’espère, à Adrienne que je vous soumets cette toile peinte vers 1680 de Job Berckeyde.
Il y est question de pain, celui qu’on doit pétrir pour le vendre ou gagner à la sueur de son front.
Si vous me disiez lundi ce que vous avez retiré de cette toile ?
Hmmm ?
Pas beaucoup d’inspiration pour ce tableau (qui a dit « comme d’hab’» ?). Le boulanger aurait été une boulangère, j’aurais pu parler de ses belles miches mais là… bof, que vient faire cette corne de brume dans le tableau de Monsieur Job Berckeyde, est-ce ainsi que l’on attirait le chaland en l’an 1680 ?
Ceci dit, je salive devant ces pains tout dorés et tout chauds sortis du four. J’en imagine la saveur et la qualité des farines utilisées. Quand j’étais petite, mon grand-père avait un four à pain et une fois par semaine il était allumé (le four, pas le grand-père !) et chargé de miches rondes pétries et mises à lever dans de grands torchons plusieurs heures durant.
Les temps ont changé. Dans ma région, beaucoup de fours à pain, certains très joliment restaurés et entretenus mais ne servant plus, ou peut-être certains une fois par an à l’occasion de la « fête du four », pain, pizzas et tartes laissant échapper en cuisant de délicieuses et inoubliables effluves.
Et voilà que me revient en mémoire une fête du four mémorable, en 1972, dans l’éclat de mes vingt ans ! Avec une bande de joyeux lurons dont celui qui allait devenir l’amour de ma vie, mon double, mon support, mon mari, le papa de mes enfants chéris… nous campons dans le massif des Bauges. Un beau soir d’été au ciel merveilleusement étoilé, la fête du four d'un village voisin nous accueille dans une ambiance folle et bon enfant. Nous y passons une partie de la nuit, à danser, manger, chanter et boire (avec Parcimonie, Gérald, Jeannot, Bébert et les autres). Voici l’heure de rentrer, la poussive 4L de Thierry a du mal à gravir les côtes et négocier les virages que néanmoins nous prenons au pas, d’autant plus qu’un épais brouillard nous oblige à ralentir… enfin… brouillard c’est le chauffeur qui le dit, nous autres passagers ne remarquons rien ! Qui dit vrai, qui a tort ? Nul ne le saura jamais, nous rentrons indemnes et bien fatigués, mais tellement heureux d’avoir vécu une si belle fête !