A l'assaut du Mont Grêle... enfin presque
Une fort belle randonnée en ce samedi ensoleillé. Qui n’avait pas trop bien commencé. Pour moi du moins. Quand vous partez en compagnie de ramasseurs de champignons, lesquels champignons se récoltent dans des endroits plutôt… inaccessibles, eh bien faut aimer le risque, l’aventure et ne pas avoir peur de salir ses godillots !
Marie me dit « On va essayer de trouver des hygrophores, c’est pas tout à fait le moment, mais il fait tellement doux… tu sais on ne marchera pas beaucoup». Ceci dit avec un air tellement rassurant, tellement convaincant que pour un peu j’aurais pu partir en tongues… mais connaissant les loustics, j’ai pris mes bâtons de marche et mes chaussures de rando. Bien m’en a pris ! Nous garons la voiture au pied du Mont Grêle et nous voilà partis… dans la boue. Délaissant le grand chemin caillouteux qui grimpe au sommet de la montagne, recherche de champignons oblige, nous empruntons une voie de débardage. Donc ornières profondes, boueuses, glissantes. On patauge, Marie et André trottent devant comme s’ils étaient sur un tapis de mousse, attirés sans doute par l’odeur des champignons qu’ils ne trouveront finalement pas. Bernard et moi sommes à la traîne. Il ne dit rien. Je commence à râler. J’ai rapidement les chaussures lourdes de boue collante et les pieds trempés. Je rouspète, disant qu’il vaudrait mieux faire demi-tour. Mais ils ne m’entendent pas, d’ailleurs ils ont disparu au détour du chemin. Je chougne même un peu. Ils ne voient ni n’entendent. Enfin au bout d’un moment je les rejoins, ils nous attendent. Je me ressaisis. André s’inquiète enfin «ça va Aline ?» et moi «mmm» d’une voix mourante à peine audible et la mine renfrognée. Les yeux baissés. Je boude. Marie s’étonne «Mais enfin, tu as sillonné quasiment tous les sommets de Chartreuse et là rien ne va !» «Oui ok mais jamais je n’ai emprunté de sentier de débardage de bois, et puis j’avais quelques années de moins et … kilos de moins». Allez, on continue, de toute façon on ne peut retourner, et puis soulagement : on ne reviendra pas par ce chemin !
On arrive enfin sur une portion propre, agréable… de courte durée car il va falloir maintenant passer aux choses sérieuses, c’est-à-dire s’enfoncer dans la forêt où sont sensés pousser les champignons ! Et là, horreur malheur ! Pour atteindre le sentier dans la forêt, il faut grimper un raidillon de quelques mètres, presque vertical, boueux bien entendu. Une personne pousse un cri de désespoir, devinez qui ?! Mais ça ne sert à rien, faut y aller. Je confie mes bâtons à André et m’agrippe aux arbustes qui ont la bonne idée de se trouver là, après avoir vérifié qu’ils sont solides et ne vont pas m’envoyer dans le décor en se cassant.
Le sentier serpente dans la forêt, plutôt agréable. Les champignons ne sont pas au rendez-vous, je ris sous cape. Bien fait na ! Non, j’exagère un peu car bientôt nous débouchons sur le grand sentier de randonnée, encore quelques centaines de mètres et nous découvrons, à travers le rideau d’arbres, le lac d’Aiguebelette, notre beau lac émeraude. Et là je pardonne tout, je le clame, je ne regrette pas de me trouver là, j’oublie tout, je suis heureuse comme une petite fille devant le sapin de Noël. A propos de sapin, le vent souffle là-haut, j’aime !
Bon, c’est pas tout ça mais il faut redescendre. Après un temps de repos, nous attaquons le large sentier. Très caillouteux. Il faut avoir en permanence les yeux rivés au sol pour ne pas chuter. Je pense à Mathilde et notre descente du Puy-de-Dôme, comme elle a dû en baver ! La descente n’est pas facile. Différente de l’ascension… Au bout d’un moment, j’ai mal à la hanche gauche, au genou droit et aux cervicales ! André me propose d’aller chercher la voiture. Je serre les dents et refuse. Quand on arrive à la voiture, je souris de nouveau. Et s’il était à refaire, je referais ce chemin. Y a pas à dire, la montagne ça vous gagne !