Devoir d'écriture, devoir de mémoire
Les lundis de Lakevio
Qui a envie de passer Noël sur une île déserte ou au bout du monde ?
Oui, non, peut-être ?... Pourquoi ?
Sur une île déserte à l’autre bout de la terre ?! Mais Marco, tu n’y penses pas, j’espère que tu ne penses pas une seconde ce que tu dis ! Ben voyons, et pourquoi pas sur la Lune ? Et tant qu’on y est, pourquoi pas sur Mars ? Mon pauvre ami… ah ça, pour annoncer de telles énormités, y’a du monde, alors que tu n’es même pas fichu de m’emmener à un concert des Enfoirés… enfoiré toi-même ! Enfoiré de mon coeur, tu as de la chance que je t’aime.
De toute façon, c’est non, no, niet, nein. J’imagine avec terreur, toi et moi, seuls au monde, sans famille, sans cris d’enfants, sans chaleur familiale... im-pen-sable.
Pour moi, Noël, tu le sais, c’est le cocon douillet… Bon, c’est vrai qu’au fil du temps, l’ambiance n’est plus tout à fait la même. La Vie s’est chargée de nous infliger des épreuves… des décès, des séparations, des heurts, des petites fêlures, quelques douloureux non-dits, des mots qui ont du mal à sortir… mais quand même un noyau solide, indestructible malgré tout.
Tu le sais Marco, les meilleurs Noëls qu’il m’ait été donné de vivre, ce sont ceux de nos chérubins. Même avant d'ailleurs, lorsque je suis entrée dans ta famille italienne au sein de laquelle j’ai trouvé une chaleur inégalée jusqu’alors. De grandes et belles tablées toute en simplicité mais tellement festives, une fraternité exemplaire, des chants et des rires, du parler fort et des grands gestes. Mais attention ! Tout cela, après la messe de Noël ! Cette messe où l’on partait à pied, la neige crissant sous nos pas, dans une ambiance ouatée juste troublée par nos petits cris quand on glissait et manquait de tomber. On se tenait alors le bras en riant. Puis les enfants sont venus agrandir le cercle familial, une fille puis un garçon, écart d’âge treize mois. J’ai alors connu de délicieux Noëls, ceux qui m’avaient manqué dans mon enfance. Au matin de Noël, à peine le jour levé, nous les entendions, nos deux petits diables, au deuxième étage, ça trottinait à qui mieux mieux, dans un concert de chuchotements et de rires étouffés. Ils étaient impatients et trouvaient toutes excuses pour descendre au rez-de-chaussée… ils avaient faim, ils avaient soif, le chat miaulait à la porte… Les petits pieds se faisaient alors insistants et débaroulaient l’escalier. Et c’était parti pour un chahut de joyeux désordre de famille réunie.
Je ris encore en repensant à cette anecdote… une semaine avant Noël, j’avais « caché » les cadeaux mais ma petite fouine de fils, qui devait avoir environ six ans, les avait trouvés. Alors, avec sa complice de sœur, méticuleusement, silencieusement, il avait ouvert un tout petit coin de papier cadeau pour découvrir ce que l’emballage renfermait. Manque de chance super maman veillait et prit le coquin en flagrant délit. Comment garder son sérieux, je n’ai pas su.
Ah que de bons souvenirs. Je vais m’employer à en fabriquer d’autres, tant que je le pourrai. Novembre fut difficile mais vous savez bien « Demain est un autre jour » « Demain il fera beau » « La roue tourne » « Le vent tourne » « Contre vents et marées »…
« Les tempêtes et les neiges emportent les fleurs mais elles ne font pas disparaître les graines » Khalil Gibran.