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Pralinensavoie...                 et parfois ailleurs
8 novembre 2016

L'automne dans ma rue

lakevio

Spencer Gore - Cambrian Street - Richmond - 1913

Tableau proposé par Lakevio

 

Dites-moi, puis-je me permettre de vous confier ma tristesse en ce soir de premier froid ? Il a neigé, grêlé, plu, en alternance toute la journée. Le nez collé au carreau, je regarde, presque sans la voir,  la rue déserte que de très rares passants animent. Je regarde presque sans la voir, ma rue, familière depuis plus de quatre décennies. Elle est belle ma rue, tranquille, bordée de grands arbres centenaires. C’est l’automne, les feuilles commencent à tourbillonner dans un magnifique ballet rouge et or. Demain les branches seront dénudées, l’hiver viendra. L’endormissement de la végétation. La mort. Mais une mort provisoire. D’ici quelques mois, la nature de nouveau s’éveillera, revivra, explosera en mille couleurs et senteurs. Je regarde ma rue, presque sans la voir. Mon âme vagabonde et se pose près de toi… Mort provisoire…  S’il pouvait en être ainsi de toi, mon amour… Nous ne vieillirons pas ensemble, cela me ravage à chaque fois que j’y pense. Quand tu es mort, notre premier petit-fils n’avait que six mois. Tu étais fou de joie, émerveillé devant ce petit homme.  Il a maintenant dix-sept ans. Il est grand, te dépasse d’une tête. Puis un autre garçon et trois filles sont venus agrandir le cercle de famille. Comme tu serais fier !  Je te connais tellement que je t’imagine devant cette joyeuse descendance, sensible comme tu l’étais, la larme à l’œil pour l’anniversaire de l’un, la concentration pour apprendre quelque travail manuel à l’autre… la famille c’est si important ! La rue est déserte, je ferme les volets, il fait froid. Je suis seule… mais comme je le dis souvent, pas seule au monde. Ce ne serait pas vivable.

 

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Commentaires
E
Tu as écrit un texte très émouvant. Tu écris très bien, c'est très profond. Oui la mort frappe tout d'un coup et nous ne pouvons rien faire contre elle. Bisous et bonne soirée.
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U
Très belle "confession" très émouvante.....et un bel hommage à votre compagnon disparu...
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L
Le climat de ton billet sonne tellement juste, chère Praline. L'amour, la mort. Le souvenir. Le chagrin qu'on apprend à déjouer, à remplacer par les images intimes qui nous restituent tellement bien ce qu'Il fut, ce que nous fûmes. <br /> <br /> Ton récit est plein de délicatesse et de vérité. <br /> <br /> Je t'embrasse fort,<br /> <br /> Lorraine
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T
Je comprends ta peine, tu as beau être courageuse, certains jours doivnet être particulièrement difficiles. Je t'embrasse Praline.
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J
Je te vois bien regarder par la fenêtre. Toute cette grisaille, ces giboulées (de temps en temps, nous en avons de belles), cette nuit qui tombe très tôt, doit être bien pénible à vivre pour les personnes seules.<br /> <br /> Oui, tu peux nous raconter..<br /> <br /> Je me souviens, quand j'avais été malade, quand la peur était là, être allée vadrouiller sur des forums en live le soir tard. Il y avait toujours quelqu'un à qui on pouvait parler. Je me demande s'il en existe encore de ces forums en live. <br /> <br /> Bises auvergnates.<br /> <br /> ps : ma mère, qui déteste les longues soirées d'hiver, a trouvé la parade. Elle téléphone...Cher téléphone qui ne revient plus très cher. C'est mon mari qui décroche et qui parlote. Quand elle dit "M n'est pas là ?", il lui répond "elle écrit à ses copines sur internet".."mais que peut-elle bien raconter à des étrangers ?". <br /> <br /> ps : heureusement, tu es bien entourée et je crois que tu as un fils pas loin de toi. Et puis, un tapis blanc, c'est joli aussi.
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