Lèche-vitrines
Tabeau proposé par Lakevio
Notre rencontre eut lieu lors du concert donné dans notre ville pour fêter le nouvel an. Assise au premier rang, je n’avais d’yeux que pour le premier violon de cet orchestre symphonique. Un garçon magnifique, élégant dans le geste et la tenue. Quand son regard sombre rencontra le mien, brillant d’émerveillement, nous sûmes l’un et l’autre que nos vies seraient désormais liées par un amour inconditionnel. De rendez-vous nocturnes en dîners d’amoureux, nous devînmes inséparables et indispensables l’un à l’autre.
Par cette belle et douce journée d’avril, nous avons arpenté les rues de la ville et nous nous sommes arrêtés devant toutes les bijouteries. Quel joli temps béni des amours naissants, propice aux serments d’amour, le temps des toujours toujours !
Il me fit choisir le plus beau, le plus gros et le plus pur de tous les diamants. Il devait partir quelques jours dans le sud-ouest pour régler une affaire de famille mais très vite il serait de retour. Il prendrait alors livraison de la plus belle bague qui soit pour la plus jolie fiancée qui soit. Nous serions unis pour la vie.
C’était il y a cinq ans. Je ne l’ai jamais revu. J’ignore ce qu’il est devenu, est-il mort, est-il vivant ? A-t-il eu un accident ? A-t-il agi par lâcheté en m’abandonnant ? Je refuse d’imaginer quelconque hypothèse. S’il lit mon récit, je lui souhaite tout le bonheur du monde. Quant à moi ? Je vais bien, j’aime la vie, j’aime mon précieux entourage. Je m’arrête toujours devant les jolies devantures de bijoux, parfois je m'offre une babiole mais les diamants très peu pour moi, c’est dur et froid.
Barbara "la Solitude" 1966