Souvenirs de départ en Guyane
Colette nous partage sa joie, et celle de toute sa famille bien sûr, de voir son fils revenir de Guyane. Maripasoula est un village tellement coupé du monde que l’on n’y accède qu’en pirogue ou en avion. La Guyane est le département oublié de la France mais Maripasoula, n’en parlons pas, c’est le fin fond du bout du monde ! Quand j’ai lu le billet de Colette, j’ai ressenti une grande joie pour elle, son mari, toute sa famille et une bouffée d’émotion m’a envahie toute entière… je me suis souvenue…
Début 2006, ma fille et mon gendre m’annoncent la mutation de ce dernier en Guyane, à Saint Laurent du Maroni. En pleine forêt amazonienne, à quatre heures de Cayenne, par une route toute en bosses et nids de poule. Juin, c’est le départ. Nous fêtons les deux ans de leur deuxième fils, larmes et joie mêlées. Le jour fatidique arrive. L’autre mamie et moi accompagnons nos enfants jusqu’à la gare de La Part Dieu. Le container de leurs affaires est parti depuis un mois environ, mais malgré cela ils sont chargés comme des mulets. Adieux déchirants au pied de la rampe qui accède au quai, Benjamin n’a que six ans mais il tire derrière lui une lourde valise qui pèse sans doute deux fois son poids. Néanmoins il se retourne en permanence et de sa menotte libre nous fait de petits signes de la main. Nous lui envoyons les derniers baisers avant longtemps, le cœur en miettes et la gorge en sanglots retenus. Nous quittons la gare et tentons de nous distraire en allant au centre commercial de La Part Dieu. Rien n’y fait, ni le beau magasin de lingerie ni les alléchantes pâtisseries. Nous reprenons le train. Le paysage défile derrière nos larmes que nous ne cherchons pas à refouler. Plus de sept mille kilomètres nous sépareront désormais.
Une anecdote véridique et amusante pour terminer en souriant… Dans le train. Nous sommes murées dans nos silences quand soudain, mamie Chantal me fait un discret appel du pied et me désigne un homme assis sur la banquette d’à côté, il me fixe sans arrêt. Je le regarde, il me sourit. J’ai envie de lui tirer la langue. Je me contente de lui lancer un regard de bovin agonisant. La gare suivante est son terminus, il se lève et, avant de disparaître, dépose sur ma tablette un papier plié en quatre… il m'a donné son e-mail ! Bernard Chaiplukoment. Le papier, réduit en confettis, atterrit dans la poubelle du train. Moralité : Primo : de tristesse ou d’espoir, les yeux brillent ! Secundo : pour plaire (ou du moins se faire dragouiller, restons modeste), pas besoin d’être maquillée, pomponnée, parfumée, apprêtée… il suffit juste de montrer son désespoir et de croiser le regard d’un saint Bernard. Prions pour lui.
Nous aurons la chance, Mamie Chantal et moi d'aller deux fois en Guyane.
La Guyane vue du ciel, nous arrivons à Cayenne.
Théo devant "le penseur", "le désespéré" ou "le bagnard" à Saint Laurent du Maroni.
Dans le village de Saint Jean du Maroni, au bord du fleuve.
L'école de Benjamin à Saint Jean du Maroni.
Jour de marché à Saint Laurent du Maroni.
Balade sur le Maroni, au loin le Surinam.
Théo joue devant une tortue luth.
Promenade en forêt, avec un jeune accompagnateur Mong. Il vaut mieux ne pas s'aventurer seul...
Les points bleus que l'on voit sur la photo ci-dessus sont deux magnifiques papillons Morpho. Je n'ai pas réussi à les photographier correctement, ils n'ont pas voulu poser.
Deux photos supplémentaires, pour ma copine Juju